vendredi 14 juin 2013

Level up

Ce soir, après un combat acharné dans une chaleur moite étouffante, mon sempai Fukugawa m'a déclaré : "Ah ben aujourd'hui, t'as fait quelque chose qui ressemblait vraiment à du kendo !"

Non, non, sincèrement, c'était un vrai compliment...



AAAAAAAAAAH !

samedi 18 mai 2013

Fier comme un poulpe


Il est des nô-ô-tre, il a reçu son diplôme comme les au-au-tres !



Tout le monde s'est extasié devant le nom en
romanji
Moi je vois pas ce qu'il a de spécial moi...

Bon, pas si brillant, hein... que 4/5 jury !...






dimanche 5 mai 2013

Rencontre Meiji-Waseda

Pour ne pas changer les habitudes, et pour célébrer ce "jour des garçons" (le 5 mai au Japon), les trois équipes masculines de Meiji ont été défaites par Waseda, tandis que les trois équipes féminines ont remporté victoire sur victoire.

Il y va bien un peu de ma responsabilité, s'il faut dire les choses, car une fois de plus capitaine de l'équipe C, je me suis retrouvé avec un combat décisif en neuvième position, après quatre victoires et quatre défaites de mes coéquipiers. Et évidement, j'ai perdu, en prenant deux kote, que vous pourrez admirer sur cette vidéo :




Et puis j'ai été un peu rude sur la fin pour une fois : j'ai proprement déguerpi dés l'arrêt des combats, parce que je voulais vraiment aller voir l'exposition de calligraphie à laquelle participait Kitamura-sensei à Ginza.
Oserais-je le dire ? J'avais pas vraiment envie de complètement perdre ma journée non plus...

lundi 29 avril 2013

Passage de 3ème dan, kendô

C'est le début de la Golden Week japonaise, et en ce lundi férié, j'ai obtenu mon troisième dan de kendô devant le jury de Taitô-ku, réuni au Riverside Sport Center.
J'ai été un peu surpris, car l'examen japonais est très court (plus qu'en France, dans mon souvenir), moins de trente seconde par tachi-ai (multiplié par deux adversaires, ça ça ne change pas), et il n'y a pas de démonstration de kiri-kaeshi pour s'échauffer un peu et montrer de la technique brute auparavant. En revanche, on présente évidemment les kendô no kata.

Pour être honnête, je n'ai pas vraiment fait honneur, et n'ai obtenu le grade qu'avec quatre voix sur cinq, d'après Kataoka-sensei. Je pense que j'ai été passablement mou, et malgré une bonne menace, qui faisait proprement reculer mon premier adversaire, j'avais du mal à enchaîner immédiatement sur une frappe décisive. Cette satanée hésitation, qui va me coûter cher toute ma vie si je ne finis pas par la corriger enfin.

Il faut dire aussi qu'au Taidôren, quand je menace, en général mes adversaires font tout sauf reculer, et je n'ai plus vraiment l'habitude (ça s'appelle une excuse bidon), alors j'étais tout surpris, et me voilà bêtement suspendu dans le temps, attendant le déluge, alors qu'il y a une autoroute devant moi jusqu'au men de l'adversaire. De manière générale, on me reproche beaucoup de m'arrêter dans mes frappes avant de les finir. Bref, ça pense trop, comme toujours.
Il parait aussi (toujours selon Kataoka-sensei) que j'ai malheureusement développé un kendo plutôt "shiai" (compétition) ces derniers temps, qui fait que je ne frappe plus droit, que je feinte, et que je cherche beaucoup le kote. En résumé, les caïds du taidôren m'ont un peu fait oublier les saints enseignements fondamentaux de notre maître Roger, et je me rends moi-même compte que j'ai nettement plus "peur de perdre" qu'auparavant. Triste évolution sur laquelle j'espère revenir dans les prochains mois, bien que je ne doute pas qu'elle m'ait également apporté certaines bonnes choses utiles...

lundi 1 avril 2013

Plôme

Je viens de recevoir mon diplôme de 1er dan de Iaïdo. Y'a pas à dire, quand on passe un grade au Japon, le certificat a nettement plus la classe qu'en France.


1er dan kendo français
1er dan iaido japonais


jeudi 28 mars 2013

北辰一刀流 (Ecole Hokushin)

Comme vous l'apprendrait cette page de Wikipédia si vous savez lire le japonais, l'école Hokushin-ittô (école de l'étoile du nord pour sabre unique) a été fondée pendant l'ère Edo (1603 - 1868) par Chiba-sensei. Et par les descendants de cette école, j'ai moi-même eu l'honneur de recevoir un échantillon de ces techniques anciennes, dont la principale ligne de conduite est le maintien de la lame au centre, y compris dans les techniques suri-age. C'est concrètement un peu un mixe entre le kendô et l'iaïdô, et une partie de l'enseignement comporte les 五行の型 (gogyô no kata), ce qui m'a permis de les revoir (pour le peu que j'en connais).

On a pratiqué à la fois au bôken et au iaïtô, mais la partie la plus précieuse pour moi, c'était la coupe au shinken (sabre affûté), sur rouleaux de tatami mouillé et sur tiges ou troncs de bambou.
Bien entendu, ça n'est pas simple du tout, mais ça n'est pas non plus aussi difficile que je le pensais. Evidemment, parmi les fondamentaux, il est absolument nécessaire de retirer toute force du coup, excepté au moment précis de l'impact, comme on l'apprend aussi bien en kendô qu'en iaïdô. Pour cette partie, on est prévenu depuis tout petit. Cela dit, il est important de donner de la vitesse (et donc de la puissance) à la lame avant l'impact, afin qu'elle tranche (c'est quand même le but de l'opération).
Un des autres points importants pour faciliter une coupe correcte est de rester le plus vertical possible par rapport à la cible, que l'on tranche légèrement de biais, fondamentalement de haut en bas, de droite à gauche ; plus on incline le tranchant horizontalement, plus la coupe est difficile, et la lame pénètre mal et fait du hachis en restant prise dans la cible. Un de mes compagnons passablement doué et très prévenant, Nakazawa, m'a aussi conseillé de visualiser le point d'impact du sabre à la sortie de la cible, et non pas à l'entrée.
Enfin, il est plus pratique, autant que possible, de maintenir la partie du corps située entre le tronc et les hanche à peu près au niveau de coupe. Id est, plus votre rouleau de tatami rétrécit au fur et à mesure que vous le sabrez, plus il faut abaisser vos hanches et descendre sur vos appuis pour rester à bonne hauteur.


Nakazawa-san exécutant une coupe nette

Pour ce qui est des cibles, le tatami mouillé a la même consistance qu'un muscle (gorgé de sang), et se tranche généralement avec un katana spécial, doté d'un tranchant en triangle, qui favorise ce genre de coupe "d'exercice". La coupe du bambou, qui représente les os, s'exécute avec un katana classique, dont le tranchant est plus arrondi (plus massif donc), et fait pour être capable de trancher aussi bien les parties rigides du corps que les parties molles.
La prochaine fois, j'aimerais essayer la pastèque (pour ceux qui se demandent, non, ça ne fait pas partie des exercices traditionnels) !

Pour faire tout ça, il a fallu se prendre un week-end complet à Suwa, dans le district de Nagano, à quelques heures en voiture de Tokyo. J'y ai en fait été invité par Ôtsuka-sensei du Shûdôkan, qui est un adepte de cette école, et un ami du professeur Takano, qui dirigeait le stage. Ce dernier était à la fois très aimable et très instructif.
Ôtsuka-sensei a été obligeant jusqu'à l'embarras, car il nous a conduit, toute une petite troupe de japonais et de gaijin pratiquants de cette école rare, dans une voiture 8 places (pleine à craquer) louée à ses frais, et nous a tous payé l'hôtel pour la nuit là-bas. C'est donc en quelque sorte tous frais payés que j'ai eu ce complément de formation du parfait kenshi.

La cerise sur le gâteau, c'est que j'ai même eu mon moment de gloire, puisqu'un journal local de Nagano plutôt connu (en tout cas par les gens originaires de Nagano, comme c'est le cas de Tan-chan) nommé le 信濃毎日新聞 (Shinano mainichi shimbun), a fait un article sur ce stage. Le coup du destin, c'est que le journaliste qui nous a interviewé avait fait Science po en France... J'ai donc eu droit à mon nom suivi d'une citation en page 30, avec une photo couleur.

Si c'est pas carrément trop la classe, ça !


Titre : De jeunes Occidentaux font l'expérience du Kenjutsu

jeudi 21 mars 2013

Leçon d'expertise de lames

Ce soir, j'ai été invité par Onikubo-sensei (iaidô 6ème dan, kendô 4ème dan) à assister avec lui à une leçon privée d'un certain Nakahara-sensei sur l'expertise des lames de sabres japonais au Akiba-jinja, près de Kagurazaka. C'était extrêmement intéressant, bien qu'évidement je n'ai fait pour cette première fois que toucher du doigt (presque littéralement) les concepts les plus superficiels des fondamentaux de base de l'expertise de sabres anciens. Mais le détour en valait la chandelle, et permettait notamment de comprendre un peu mieux pourquoi on attache une telle importance au sabre dans la culture traditionnelle japonaise : bien que nous associons en occident le travail de forge à de l'artisanat, et non à de l'art, il s'agissait bien au Japon d'un art, et même d'un art sacré (comprenez : consacré aux dieux) depuis au moins l'ère Muromachi [1336] (et a priori bien avant).
S'il est vrai qu'on ne va pas jusqu'à s'incliner devant la Joconde avant de la contempler, on lui voue tout de même un certain respect. Les lames de sabres anciens au Japon possèdent la même aura, sauf qu'elles sont de surcroît habitées par une âme à caractère divin (le Shintô, plus ancienne religion au Japon, est un animisme). On peut comparer cette idée au mythe d'Excalibur, si ce n'est qu'au Japon, il ne s'agit pas (seulement) de mythe (bien qu'il y en ait aussi), et chaque lame de maître jouit d'une telle aura.
Difficile pour nous de concevoir qu'on attache la même importance à une simple lame d'acier forgée, polie et affûtée qu'à une fresque de Michel-Ange, avec toutes ses couleurs et tous ses traits. Et pourtant...

La leçon se déroule comme suit : la première moitié, de 19h à 20h, est consacrée à l'étude individuelle de cinq échantillons de lames. Elles sont présentées et observées selon le rituel de révérence dû aux lames anciennes, et les élèves doivent les identifier (époque, lieu de création, nom du maître artisan), selon une série de critères (parmi lesquels je peux ne peux citer à mon niveau que la forme, la taille, l'épaisseur et la courbe de la lame, la présence de shinogi et sa configuration, le type de yokote, et bien entendu le dessin de la trempe [焼き出し]). Les réponses (ou suggestions) des élèves sont écrites sur des petits papiers présentés au maître, qui indique si c'est "juste", "pas loin" ou "carrément pas ça du tout". Moi j'étais juste en observateur, et mes connaissances sont très limités en la matière, donc je me suis contenté de remplir pour chaque lame les renseignements suivants (après quelques brèves explications de base) :
- Type de fabrication (Hon-dzukuri - Hira-dzukuri - Shôbu-dzukuri) ;
- Type de lame (Katana - Wakizashi - Tantô) ;
- Longueur de lame (à estimer à l'oeil, en shaku [30,3 cm] et en sun [3 cm]) ;
- Courbure de la lame (à estimer à l'oeil en bun [3 mm]) ;
- Estimation de l'âge (Vieux - Récent - Très récent, qui correspondent en réalité respectivement à antérieur à 1596 - de 1596 à 1764 - de 1764 à 1876 [NB : date de l'interdiction du port du sabre pour les samouraï]).
C'était déjà pas mal pour une première approche.

La seconde moitié, de 20 à 21h, consiste en une explication détaillée pour chacune des lames présentées, avec le nom du fabricant, sa filiation, et une tripotée de remarques très précises dont je n'ai pas pu saisir grand chose. Mais j'ai fait de mon mieux. Il y a évidemment un sacré paquet de vocabulaire très spécifique que je ne maîtrise pas du tout, même si j'ai quelques bases.

Dans tous les cas, c'était très instructif, et là encore, il y a un monde entier à découvrir.