jeudi 28 mars 2013

北辰一刀流 (Ecole Hokushin)

Comme vous l'apprendrait cette page de Wikipédia si vous savez lire le japonais, l'école Hokushin-ittô (école de l'étoile du nord pour sabre unique) a été fondée pendant l'ère Edo (1603 - 1868) par Chiba-sensei. Et par les descendants de cette école, j'ai moi-même eu l'honneur de recevoir un échantillon de ces techniques anciennes, dont la principale ligne de conduite est le maintien de la lame au centre, y compris dans les techniques suri-age. C'est concrètement un peu un mixe entre le kendô et l'iaïdô, et une partie de l'enseignement comporte les 五行の型 (gogyô no kata), ce qui m'a permis de les revoir (pour le peu que j'en connais).

On a pratiqué à la fois au bôken et au iaïtô, mais la partie la plus précieuse pour moi, c'était la coupe au shinken (sabre affûté), sur rouleaux de tatami mouillé et sur tiges ou troncs de bambou.
Bien entendu, ça n'est pas simple du tout, mais ça n'est pas non plus aussi difficile que je le pensais. Evidemment, parmi les fondamentaux, il est absolument nécessaire de retirer toute force du coup, excepté au moment précis de l'impact, comme on l'apprend aussi bien en kendô qu'en iaïdô. Pour cette partie, on est prévenu depuis tout petit. Cela dit, il est important de donner de la vitesse (et donc de la puissance) à la lame avant l'impact, afin qu'elle tranche (c'est quand même le but de l'opération).
Un des autres points importants pour faciliter une coupe correcte est de rester le plus vertical possible par rapport à la cible, que l'on tranche légèrement de biais, fondamentalement de haut en bas, de droite à gauche ; plus on incline le tranchant horizontalement, plus la coupe est difficile, et la lame pénètre mal et fait du hachis en restant prise dans la cible. Un de mes compagnons passablement doué et très prévenant, Nakazawa, m'a aussi conseillé de visualiser le point d'impact du sabre à la sortie de la cible, et non pas à l'entrée.
Enfin, il est plus pratique, autant que possible, de maintenir la partie du corps située entre le tronc et les hanche à peu près au niveau de coupe. Id est, plus votre rouleau de tatami rétrécit au fur et à mesure que vous le sabrez, plus il faut abaisser vos hanches et descendre sur vos appuis pour rester à bonne hauteur.


Nakazawa-san exécutant une coupe nette

Pour ce qui est des cibles, le tatami mouillé a la même consistance qu'un muscle (gorgé de sang), et se tranche généralement avec un katana spécial, doté d'un tranchant en triangle, qui favorise ce genre de coupe "d'exercice". La coupe du bambou, qui représente les os, s'exécute avec un katana classique, dont le tranchant est plus arrondi (plus massif donc), et fait pour être capable de trancher aussi bien les parties rigides du corps que les parties molles.
La prochaine fois, j'aimerais essayer la pastèque (pour ceux qui se demandent, non, ça ne fait pas partie des exercices traditionnels) !

Pour faire tout ça, il a fallu se prendre un week-end complet à Suwa, dans le district de Nagano, à quelques heures en voiture de Tokyo. J'y ai en fait été invité par Ôtsuka-sensei du Shûdôkan, qui est un adepte de cette école, et un ami du professeur Takano, qui dirigeait le stage. Ce dernier était à la fois très aimable et très instructif.
Ôtsuka-sensei a été obligeant jusqu'à l'embarras, car il nous a conduit, toute une petite troupe de japonais et de gaijin pratiquants de cette école rare, dans une voiture 8 places (pleine à craquer) louée à ses frais, et nous a tous payé l'hôtel pour la nuit là-bas. C'est donc en quelque sorte tous frais payés que j'ai eu ce complément de formation du parfait kenshi.

La cerise sur le gâteau, c'est que j'ai même eu mon moment de gloire, puisqu'un journal local de Nagano plutôt connu (en tout cas par les gens originaires de Nagano, comme c'est le cas de Tan-chan) nommé le 信濃毎日新聞 (Shinano mainichi shimbun), a fait un article sur ce stage. Le coup du destin, c'est que le journaliste qui nous a interviewé avait fait Science po en France... J'ai donc eu droit à mon nom suivi d'une citation en page 30, avec une photo couleur.

Si c'est pas carrément trop la classe, ça !


Titre : De jeunes Occidentaux font l'expérience du Kenjutsu

jeudi 21 mars 2013

Leçon d'expertise de lames

Ce soir, j'ai été invité par Onikubo-sensei (iaidô 6ème dan, kendô 4ème dan) à assister avec lui à une leçon privée d'un certain Nakahara-sensei sur l'expertise des lames de sabres japonais au Akiba-jinja, près de Kagurazaka. C'était extrêmement intéressant, bien qu'évidement je n'ai fait pour cette première fois que toucher du doigt (presque littéralement) les concepts les plus superficiels des fondamentaux de base de l'expertise de sabres anciens. Mais le détour en valait la chandelle, et permettait notamment de comprendre un peu mieux pourquoi on attache une telle importance au sabre dans la culture traditionnelle japonaise : bien que nous associons en occident le travail de forge à de l'artisanat, et non à de l'art, il s'agissait bien au Japon d'un art, et même d'un art sacré (comprenez : consacré aux dieux) depuis au moins l'ère Muromachi [1336] (et a priori bien avant).
S'il est vrai qu'on ne va pas jusqu'à s'incliner devant la Joconde avant de la contempler, on lui voue tout de même un certain respect. Les lames de sabres anciens au Japon possèdent la même aura, sauf qu'elles sont de surcroît habitées par une âme à caractère divin (le Shintô, plus ancienne religion au Japon, est un animisme). On peut comparer cette idée au mythe d'Excalibur, si ce n'est qu'au Japon, il ne s'agit pas (seulement) de mythe (bien qu'il y en ait aussi), et chaque lame de maître jouit d'une telle aura.
Difficile pour nous de concevoir qu'on attache la même importance à une simple lame d'acier forgée, polie et affûtée qu'à une fresque de Michel-Ange, avec toutes ses couleurs et tous ses traits. Et pourtant...

La leçon se déroule comme suit : la première moitié, de 19h à 20h, est consacrée à l'étude individuelle de cinq échantillons de lames. Elles sont présentées et observées selon le rituel de révérence dû aux lames anciennes, et les élèves doivent les identifier (époque, lieu de création, nom du maître artisan), selon une série de critères (parmi lesquels je peux ne peux citer à mon niveau que la forme, la taille, l'épaisseur et la courbe de la lame, la présence de shinogi et sa configuration, le type de yokote, et bien entendu le dessin de la trempe [焼き出し]). Les réponses (ou suggestions) des élèves sont écrites sur des petits papiers présentés au maître, qui indique si c'est "juste", "pas loin" ou "carrément pas ça du tout". Moi j'étais juste en observateur, et mes connaissances sont très limités en la matière, donc je me suis contenté de remplir pour chaque lame les renseignements suivants (après quelques brèves explications de base) :
- Type de fabrication (Hon-dzukuri - Hira-dzukuri - Shôbu-dzukuri) ;
- Type de lame (Katana - Wakizashi - Tantô) ;
- Longueur de lame (à estimer à l'oeil, en shaku [30,3 cm] et en sun [3 cm]) ;
- Courbure de la lame (à estimer à l'oeil en bun [3 mm]) ;
- Estimation de l'âge (Vieux - Récent - Très récent, qui correspondent en réalité respectivement à antérieur à 1596 - de 1596 à 1764 - de 1764 à 1876 [NB : date de l'interdiction du port du sabre pour les samouraï]).
C'était déjà pas mal pour une première approche.

La seconde moitié, de 20 à 21h, consiste en une explication détaillée pour chacune des lames présentées, avec le nom du fabricant, sa filiation, et une tripotée de remarques très précises dont je n'ai pas pu saisir grand chose. Mais j'ai fait de mon mieux. Il y a évidemment un sacré paquet de vocabulaire très spécifique que je ne maîtrise pas du tout, même si j'ai quelques bases.

Dans tous les cas, c'était très instructif, et là encore, il y a un monde entier à découvrir. 

dimanche 17 mars 2013

Un gros niveau d'huiles, ça vous met la pression

Ni photos ni vraie histoire à raconter cette fois-ci, juste quelques lignes à inscrire à la Gazette du Kendô à Taitô-ku : ce dimanche, gros rassemblement de 7ème dan et plus côté moto-dachi pour un entraînement spécial au Riverside Sport Center de Taitô. Il y en avait une bonne grosse trentaine, venus des quatre coins de Taitô-ku, Bunkyô-ku, Chiyôda-ku et Chûô-ku, c'est-à-dire grosso-modo des districts environnants. On s'en est payé une bonne tranche, et il y avait le choix. Le problème, c'est que je ne m'entraîne presque pas ces derniers temps (à peine une fois le week-end), et que je me fais grave du lard, alors quand soudainement il y a des papy (ou des jeunes 7ème dan tout frétillants, ça existe aussi) qui vous poussent et vous bousculent dans tous les coins en se fendant la poire (Ha ha, c'est drôle, ha ha ! Men ! Ha ha ! Kote ! Ha ha ! Kaishi-dô dans ta face ! Ha ha !), moi je pouffe et je souffle à m'en exploser les poumons au bout d'à peine cinq minutes. Pas brillant. Mais enfin ils étaient plutôt sympas, finalement on a surtout fait du fondamental (seme, seme, seme, j'y arrive pas !), alors je me suis bien amusé. 
J'en ai affronté cinq-six dans l'heure (il y avait la queue, vous pensez), dont un huitième-dan de Taitô qui venait déjà régulièrement au Riverside Sport Center à l'époque où je m'entraînais au Hombu-dôjô (celui qui vient de changer de nom, suivez l'actualité, sinon vous pigerez rien).
La honte, c'est qu'il ma fait exactement les mêmes remarques fondamentales qu'il y a deux ans (et pourtant, je m'étais bien dis...), à savoir "Relax, relax !" et "Tes bras, trop haut, plus bas !". Bref, progression : zéro. Haut les coeurs,  qu'à cela ne tienne, je reviendrai dans deux ans...


Et puis à la fin, les sensei sont allé prendre la douche, donc les autres (comprenez en dessous de 7ème dan) en ont profité pour aller se remettre sur la tronche. Ça m'a permis d'affronter à nouveau Suzuki-sensei (5ème dan) du San-shin-ken, que je n'ai plus l'occasion de voir souvent (sauf quand il vient parfois s'entraîner au Matsuba). Ça faisait un bail, et j'aime bien son kendô. J'ai même réussi à lui mettre un joli de-kote, dont j'étais tout fier (c'est pas tous les jours Noël...).

Bref, j'ai bougé un peu mon ventre, avant la reprise terrible d'avril...

dimanche 3 mars 2013

初段審査 (Passage de 1er dan)

Ce dimanche, c'était le jour de mon passage de 1er dan de iaidô, au Tokyo Budôkan.

J'ai passé le week-end en stage spécial, sous la direction d'Itô-sensei, avec une brochette de Hongkongais venus spécialement pour l'occasion s'entraîner au Kodôkan et au Shûdôkan. On a passé 5 heures le vendredi et 3 heures le samedi matin à répéter inlassablement les cinq même kata, qui étaient "fortement pressentis" pour les passages respectifs des premier, deuxième et troisième dan du dimanche. C'est-à-dire en d'autres termes qu'Itô-sensei savait à l'avance ce qui allait tomber, ce qui nous a permis de faire un travail spécifique (il faut s'entraîner avec des huitième-dan hanshi avant les passages de grade, c'est très recommandé...).

Itô-sensei a été particulièrement strict et exigent pendant ces entraînement, et il ne nous a pas ménagé. On a vraiment travaillé en profondeur et dans le détail, en corrigeant point par point tous nos défauts. Dans mon cas, j'ai été doublement sollicité, car j'étais la seule personne présente maîtrisant suffisamment et l'anglais et le japonais pour faire le lien entre les directives autoritaires d'Itô-sensei et les questions hésitantes des Hongkongais. Ça m'a demandé pas mal de concentration d'être présent à la fois dans mes kata... et dans ceux des autres, toujours une oreille sur les explications, et un bout de cerveau en processeur de traduction en temps réel, dans deux langues qui ne sont pas mes langues maternelles. Un bel exercice. Je me demande un peu comment ils auraient fait si je n'avais pas été à l'entraînement, car ils ne parlaient vraiment pas plus de trois mots de japonais, nos amis d'outre-mer. C'est un peu inconscient ça, de se confronter à Itô-sensei sans comprendre ce qu'il raconte. On peut vite se faire engueuler vertement sans trop savoir pourquoi...

Le plus drôle, c'est qu'au début je n'avais pas compris qu'ils étaient Hongkongais et qu'ils ne parlaient pas la langue. Moi je vois des bridés au Japon, je me dis "tiens, des Japonais" (les asiatiques, eux, font généralement tout de suite la différence. Moi pas). Bon, à réflexion ils avaient pas des têtes de Japonais, c'est vrai ; mais à rencontrer des gens comme ça dans un petit dôjô perdu au milieu de Nakano, en groupe de quatre avec des sabres, on ne se dit pas immédiatement : "tiens, des Hongkongais qui ne parlent pas la langue". Du coup, la première fois qu'Itô-sensei, après une explication, se tourne vers moi et me dis abruptement "Rôshu, dis-leur !", je l'ai regardé sans rien dire pendant deux-trois seconde avec un air de poisson mort, en me répétant intérieurement "Il se f*** de moi ou bien ?". Je croyais sincèrement qu'il plaisantait. Quand il a vu que je restais fermement silencieux (savais pas trop sur quel pied danser), il a dit "Ah, laisse tomber" avec son air agacé, et il a continué.
Après, longtemps après, quand un Hongkongais tout poli est venu me dire "euh, tu pourrais traduire de temps en temps ce qu'il dit, parce que nous on comprend pas bien", là j'ai finalement saisi un peu mieux la situation (je suis un peu lent à saisir les situations, vous savez). Et là je repense soudainement à Yagyû Munenori, mon fétiche, et à son 活人剣 (katsu-nin-ken), ma Bible, dans l'introduction duquel il dit : "Saisir le potentiel d'une situation, tel est l'art de la guerre ! [...] L'observation attentive de la dynamique d'une situation, fût-ce au sein d'un groupe, relève aussi de l'art de la guerre. Si vous ne saisissez pas sur-le-champ la dynamique d'une situation, en vous attardant en milieu hostile, vous risquez de vous retrouver en mauvaise posture. [...] Il faut percevoir la dynamique d'une situation, et savoir mesurer l'état d'esprit des gens qui composent un groupe."
Cho la honte.

Vient le grand jour. J'étais le seul à présenter le 初段 (premier dan), et ma série était dans l'ordre :
1. 一本目・前 [Ippomme - Mae (1er kata, devant)]
2. 二本目・後 [Nihomme - Ushiro (2ème kata, derrière)]
3. 五本目・袈裟切り [Gohomme - Kesa-giri (5ème kata, coupe de la veste de moine)]
4. 六本目・諸手突き [Roppomme - Morote-zuki (6ème kata, estoc à deux mains)]
5. 七本目・三方切り [Nanhomme - Sampô-giri (7ème kata, coupe dans trois directions)]
J'étais relativement confiant, tout le monde au Shûdôkan me disait que si je ne faisait pas d'erreur dans les kata, je devrais l'avoir. Itô-sensei m'a même dit de vive voix "T'as fait des progrès toi, ces derniers temps". Alors pour en arriver là, c'est qu'il devait y avoir un fond de vrai. La réalité, c'est que malgré tout ça, une fois sur le parquet en face des cinq juges, je n'en menais vraiment pas large. Question gestion du stresse, je suis vraiment une bille. Du coup, j'ai même réussi à faire une faute de débutant sur le premier kata (bien relever les orteils au moment où l'on se redresse, pour pouvoir avancer après ; les connaisseurs apprécieront la grandeur de ma bêtise). Mais enfin, bon an mal an, avec la force de l'habitude, on a fait une prestation suffisante pour décrocher ce premier dan, avec les honneurs semble-t-il. J'ai même été félicité par un des chefs de la police (Hata-sensei), qui était là pour encadrer ses propres élèves (deux policiers d'une trentaine d'année qui passaient leur troisième dan). C'est un ami d'Itô-sensei et d'Onikubo-sensei, qui travaillent eux aussi à la police de Tokyo (la police de Tokyo, c'est un peu le sanctuaire des arts martiaux nippons contemporains, pour ceux qui l'ignorent).
Donc tout s'est bien passé, et même mieux, car j'ai fait là-bas la rencontre de deux étrangers, respectivement Hollandais (Ivo) et Colombien (Esteban), qui étudient actuellement à 国際武道大学 (kokusai budô daigaku), soit l'université internationale des arts martiaux, du côté de Chiba (banlieue "large" de Tokyo). Si je les ai abordé, c'est parce qu'Ivo passait en fait juste devant moi (première vague, pas le temps de stresser !), et que j'ai été franchement scié par son niveau en le voyant. Je suis donc allé le féliciter après le passage, et c'est là que j'ai compris...
Il m'a dit "Tu fais quoi toi" (sous-entendu en dehors du iaido), alors je lui réponds "Je fais du kendô ; et toi ?".
- Moi je fais aussi du kendô, et puis de la naginata, du kyûdô et de l'aikidô..."
- ... Ah, bon..."

On se sent petit, tout à coup.
Enfin, notez bien, c'est pas une question de volume horaire, hein, mais enfin vu son niveau de iaidô style "gros bourrin puissance 10" après un an seulement de pratique, je me suis subitement senti très très modeste.
Il fait partie de l'équipe officielle de l’université, cela va sans dire...
On a échangé nos mails aussi, vous vous doutez bien (non, non, je ne suis pas intéressé... juste affreusement jaloux !).

A mentionner également, le monde du budô est décidément petit, très petit, même à Tokyo, car j'ai également revu notre camarade Jérémy, qui s'entraînait à Lyon l'année dernière avant de partir faire son doctorat à Tôdai. Il a également reçu son premier dan à l'occasion !

Pour finir, je n'ai malheureusement pas pu filmer ou faire filmer sur place, alors j'ai fais la vidéo "en studio" dans un local du gymnase de Meiji, pour que vous puissiez quand même un peu juger un peu de mes progrès (le stress en moins), sur les cinq kata concernés :




Et en vidéo-bonus, 総切り [sô-giri], parce qu'il est rigolo et que je l'ai travaillé récemment aussi :




De retour au dôjô, le lundi suivant, Itô-sensei m'a invité à faire le traditionnel speech devant les autres membres, en me demandant avec son sourire de vieux renard : "Alors, tu l'as eu ton troisième dan ?"
Je vous ai dit que je l'aimais bien ?